Des dizaines d’Algériens se sont retrouvés bloqués à l’aéroport du Caire, en Égypte, alors qu’ils s’étaient engagés dans une mission humanitaire destinée à exprimer leur solidarité envers la population de Gaza. Venus de divers pays d’Europe et du Maghreb, ces Algériens faisaient partie de la « Caravane de la Résistance », une initiative de soutien qui visait à franchir la frontière de Rafah pour tenter de briser symboliquement le blocus imposé à la bande de Gaza.
Les autorités d’Égypte ont procédé à la rétention de plusieurs passagers dès leur débarquement au Caire, invoquant des raisons de sécurité et de réglementation frontalière. Parmi ces passagers, une majorité d’Algériens ont rapporté avoir été retenus pendant de longues heures, sans être informés clairement des raisons de leur blocage. Les images et témoignages publiés sur les réseaux sociaux ont rapidement circulé, illustrant une situation tendue, marquée par des contrôles stricts et une atmosphère qualifiée de psychologiquement éprouvante par les concernés.
Selon les membres du convoi, leur objectif n’était pas politique mais humanitaire. Ces Algériens espéraient rejoindre d’autres délégations venues de Tunisie et de Libye afin de faire pression pacifiquement pour l’ouverture du passage vers Gaza. L’arrivée massive au Caire a cependant déclenché une réaction immédiate des autorités d’Égypte, qui ont renforcé la surveillance et décidé de refuser l’accès au territoire à plusieurs groupes. Cette réponse a suscité une vive incompréhension chez les militants, notamment les Algériens, qui pensaient bénéficier d’un accueil bienveillant dans un pays historiquement proche de la cause palestinienne.
L’un des Algériens présents au Caire a décrit dans une vidéo les longues heures d’attente, l’absence de communication et la saisie de téléphones et documents par les forces de sécurité. Pour ces Algériens venus en Égypte avec des intentions pacifiques, le choc fut brutal. Le sentiment d’être considérés comme des intrus ou des fauteurs de troubles a dominé leur expérience au Caire. Plusieurs d’entre eux ont dénoncé un harcèlement moral et une tentative délibérée de décourager tout soutien populaire à Gaza.
Un autre enregistrement vidéo, pris dans la salle d’attente de l’aéroport du Caire, montre un groupe d’Algériens scandant des slogans dénonçant ce qu’ils perçoivent comme un abandon de Gaza par l’Égypte. Leur message était clair : ils estimaient avoir été trahis, expulsés sans raison valable, malgré leur respect scrupuleux des formalités légales avant le départ. Leur expulsion a été ressentie comme une volonté manifeste d’empêcher l’expression de la solidarité maghrébine sur le sol égyptien.
Dans le même temps, l’avocate algérienne Fatiha Rouibi, membre d’un organisme d’arbitrage international, a signalé que trois de ses collègues, également avocats, faisaient partie des personnes retenues au Caire. En tout, 40 passagers algériens, selon ses propos, ont été concernés par ces mesures, subissant la confiscation de leurs effets personnels sans justification légale apparente. Pour ces professionnels du droit, la situation en Égypte a soulevé des inquiétudes profondes sur le respect des libertés individuelles.
Alors que la caravane maghrébine, composée d’une vingtaine de bus et de centaines de véhicules, poursuit son chemin à travers la Libye, l’attitude des autorités d’Égypte est au centre de l’attention. Les militants espèrent toujours pouvoir rejoindre Rafah, mais l’expulsion d’Algériens au Caire fait planer le doute sur les chances réelles d’atteindre la frontière.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a rappelé dans un communiqué, publié le 11 juin, que tout déplacement de délégations étrangères dans les zones frontalières avec Gaza devait faire l’objet d’une demande officielle et d’une autorisation préalable. Cette annonce, bien que conforme à la réglementation en vigueur, n’a pas apaisé les critiques des Algériens expulsés d’Égypte, qui rappellent qu’ils ont agi dans un cadre transparent et pacifique.
Les réseaux sociaux ont amplifié l’écho de cette affaire. Pour de nombreux internautes algériens, l’attitude des autorités d’Égypte à l’égard de leurs ressortissants retenus au Caire est difficile à accepter. L’expulsion des Algériens venus exprimer leur soutien à Gaza soulève des interrogations sur la place accordée à la solidarité citoyenne dans le contexte régional actuel. Le silence observé sur le plan diplomatique n’a fait que renforcer le sentiment d’injustice exprimé par ceux qui ont été contraints de quitter l’Égypte sans avoir pu accomplir leur mission.