Accueil » Titre de séjour en France : un appel solennel lancé à Macron
Préfecture Algériens France titre de séjour Macron 

Titre de séjour en France : un appel solennel lancé à Macron

Alors que les démarches pour obtenir un titre de séjour deviennent de plus en plus complexes, un appel solennel a été lancé à Emmanuel Macron par plus de soixante personnalités politiques, associatives et élues. Publiée dans La Tribune ce dimanche 6 juin, cette tribune met en lumière une réalité alarmante vécue par des milliers d’étrangers installés en France, victimes d’un système administratif devenu, selon les signataires, un véritable parcours d’humiliation.

L’objectif de cet appel à Emmanuel Macron est clair : alerter sur l’urgence de réformer un dispositif devenu inopérant. L’accès au titre de séjour est aujourd’hui entravé par une dématérialisation à marche forcée, notamment via la plateforme Anef, qui au lieu de faciliter les démarches, génère un engorgement sans précédent. Pour de nombreuses personnes étrangères, l’obtention ou le renouvellement d’un simple titre de séjour s’apparente désormais à une épreuve interminable, marquée par des rendez-vous inaccessibles, des documents égarés et une absence totale de suivi.

Les conséquences humaines sont graves. Ce qui devait être une formalité administrative s’est transformé en une spirale d’angoisse pour celles et ceux qui vivent, travaillent, cotisent et élèvent leurs enfants en France. Le cri adressé à Emmanuel Macron par les signataires vise à rappeler que derrière chaque demande de titre de séjour, il y a des parcours de vie, des familles, des travailleurs, des malades, des aînés. Il y a des gens qui, bien qu’étrangers, font partie intégrante du tissu social français.

Les élus, parmi lesquels Fatima Ogbi, Olivier Faure et Benoît Hamon, dénoncent dans leur texte une rupture grave entre l’administration et les usagers. Selon eux, l’État ne peut à la fois exiger l’intégration et rendre presque impossible l’accès à un titre de séjour. Cette contradiction alimente un sentiment d’injustice, voire de rejet, ressenti par ceux qui, malgré leur enracinement en France, restent bloqués à la porte de leurs droits. C’est précisément ce paradoxe que les signataires souhaitent voir résolu par une prise de position forte d’Emmanuel Macron.

La plateforme Anef, censée incarner une administration moderne et efficace, symbolise aujourd’hui l’échec de la transition numérique. Les usagers, souvent peu familiarisés avec les outils numériques, se heurtent à des interfaces complexes, à des délais opaques et à un silence institutionnel frustrant. Emmanuel Macron, interpellé sur ce point, est invité à remettre l’humain au cœur des procédures liées au titre de séjour.

Les témoignages recueillis par les associations sont édifiants : des jeunes perdent leur emploi faute de récépissé, des contrats de travail ne peuvent être renouvelés, des retraités se retrouvent sans pension parce que leur dossier n’a pas été traité à temps. Tout cela alors que, dans bien des cas, ces personnes résident en France depuis plusieurs décennies. Emmanuel Macron est ainsi appelé à agir pour que le titre de séjour ne soit plus un facteur de précarité, mais un outil de stabilité.

Au-delà des constats techniques, cet appel soulève une question politique et morale. Peut-on encore parler de République égalitaire lorsque des milliers de personnes sont mises à l’écart par un simple document ? Les signataires répondent non. Pour eux, Emmanuel Macron doit prendre ses responsabilités et engager une réforme structurelle de la gestion des titres de séjour. Cette réforme, selon eux, ne peut se faire sans un renforcement du service public, une simplification des démarches et une réaffirmation du principe d’égalité.