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Achats de véhicules à l’étranger : les Algériens reçoivent une alerte

Alors que le marché automobile national reste confronté à une offre insuffisante, de nombreux Algériens ont choisi de se tourner vers l’étranger pour répondre à leurs besoins en matière de mobilité. Ces derniers mois, les importations de véhicules par les particuliers et certaines sociétés se sont intensifiées, surtout depuis que la législation a réouvert la voie à l’importation de véhicules d’occasion de moins de trois ans. Ce nouveau souffle donné au secteur, bien que perçu comme une solution temporaire à la pénurie locale, s’accompagne toutefois d’un phénomène inquiétant : une multiplication des pratiques frauduleuses ciblant les consommateurs algériens peu avertis, notamment ceux tentant d’acheter leurs véhicules depuis l’étranger, dans un contexte juridique souvent mal compris.

Mustapha Zebdi, président de l’Association Algérienne de Protection et d’Orientation du Consommateur et de l’Environnement, a récemment mis en lumière des cas de fraude devenus récurrents. Des Algériens rapportent avoir importé des véhicules prétendument neufs, qui s’avèrent être des modèles déjà immatriculés à l’étranger, même si leur usage a été minime, voire inexistant. Dans certains cas, les véhicules arrivent avec des compteurs affichant zéro kilomètre, mais cela ne suffit pas à en garantir le statut de véhicule neuf selon la législation algérienne. Cette situation, exploitée par certains intermédiaires malhonnêtes, crée une confusion qui dessert les Algériens souhaitant acheter des véhicules en toute légalité depuis l’étranger.

Ce qui semble à première vue un simple malentendu administratif peut engendrer des conséquences lourdes. Certains consommateurs découvrent, une fois le véhicule livré, que l’année de fabrication ne correspond pas à celle promise ou que le modèle a déjà été enregistré auprès des autorités d’un autre pays. En plus de la désillusion, cela peut remettre en cause l’éligibilité du véhicule à l’importation ou même déclencher des pénalités fiscales inattendues. Plusieurs Algériens ayant importé de tels véhicules depuis l’étranger se sont ainsi retrouvés face à des obstacles lors de l’immatriculation en Algérie, ou ont vu leur véhicule reclassé comme occasion alors qu’il leur avait été vendu comme neuf.

Zebdi rappelle que la définition d’un véhicule neuf est strictement encadrée par le décret exécutif n° 20-227. Selon ce texte, un véhicule est considéré comme neuf uniquement s’il n’a jamais été immatriculé, quelle que soit la distance affichée au compteur, et si sa date de fabrication ne dépasse pas douze mois avant son arrivée en Algérie. Cette précision légale échappe encore à de nombreux Algériens, qui, dans l’espoir de contourner les longs délais d’attente chez les concessionnaires, se lancent dans l’achat de véhicules depuis l’étranger sans disposer de toutes les informations nécessaires pour sécuriser leur transaction.

Face à ces pratiques, les cas se multiplient : des Algériens trompés par des offres trop alléchantes, des véhicules commandés à l’étranger avec des certificats falsifiés, ou encore des véhicules modifiés pour paraître plus récents qu’ils ne le sont réellement. Les marges financières que peuvent générer de telles fraudes sont considérables, surtout lorsque des droits de douane sont évités ou que les taxes sont réduites en classant un véhicule comme étant de moins de trois ans.

Le président de l’APOCE alerte sur l’existence de réseaux opérant dans l’ombre, qui profitent du manque de vigilance de certains acheteurs. Ces réseaux, souvent bien organisés, savent comment manipuler les documents pour faire passer un véhicule usagé pour un véhicule neuf, particulièrement lorsque celui-ci provient de l’étranger. Il recommande aux Algériens souhaitant importer des véhicules de prendre toutes les précautions nécessaires : demander les justificatifs légaux originaux, vérifier l’historique d’immatriculation, et faire appel uniquement à des prestataires enregistrés auprès des autorités compétentes.

La ruée vers les véhicules importés s’explique certes par les difficultés du marché local, mais elle ne doit pas se faire au détriment de la transparence. De nombreux Algériens espèrent que cette ouverture vers les achats de véhicules à l’étranger sera bénéfique à long terme, à condition d’être mieux encadrée. Pour cela, une campagne d’information plus large, soutenue par l’État et les associations de consommateurs, pourrait s’avérer essentielle afin d’éviter que d’autres Algériens ne tombent dans le piège de transactions douteuses concernant leurs véhicules importés de l’étranger.