Le député Abdelouahab Yagoubi, représentant des Algériens de France à l’Assemblée populaire nationale, a pris l’initiative de lancer une commission d’enquête parlementaire pour enquêter sur la question sensible des prix des billets d’Air Algérie et d’Algérie Ferries, ainsi que sur la disponibilité des places sur les vols et les traversées assurées par ces deux compagnies publiques. Cette commission d’enquête a été officialisée le 27 janvier 2025, dans le but de répondre aux préoccupations croissantes concernant les conditions de voyage des Algériens, aussi bien pour ceux résidant en Algérie qu’en diaspora.
Cette initiative fait suite à une série de constats et de plaintes émanant de citoyens, notamment de la communauté algérienne à l’étranger, qui dénonce depuis plusieurs mois la hausse vertigineuse des prix des billets d’avion et des traversées maritimes, en particulier entre la France et l’Algérie. Les usagers font état d’une grande difficulté à obtenir des places sur les vols d’Air Algérie ou sur les navires d’Algérie Ferries, les places étant souvent réservées bien en avance ou proposées à des tarifs très élevés, rendant l’accès au transport aérien et maritime quasiment inaccessible pour de nombreux citoyens.
La crise des transports entre la France et l’Algérie a pris une ampleur particulière depuis la pandémie de COVID-19, lorsque de nombreuses restrictions ont été mises en place, réduisant considérablement le nombre de vols et de traversées. Bien que la situation se soit légèrement améliorée ces dernières années, le manque de concurrence dans ces secteurs reste une question majeure qui impacte directement le quotidien des voyageurs. La position dominante d’Air Algérie et d’Algérie Ferries, qui assurent la quasi-totalité des liaisons entre l’Algérie et l’étranger, semble constituer un frein à une régulation plus équitable des prix et à une meilleure gestion de la demande.
Dans sa déclaration, le député Yagoubi a souligné que la commission d’enquête visait à analyser en profondeur les causes de cette hausse des tarifs, en particulier la « fermeture persistante du marché du transport aérien et maritime à la concurrence ». Il fait référence à un système où Air Algérie et Algérie Ferries, deux entreprises publiques, détiennent un quasi-monopole sur ces lignes cruciales, et où la concurrence internationale reste limitée, voire inexistante sur certaines routes. Cette situation engendre non seulement des tarifs élevés, mais aussi une offre de places insuffisante pour répondre à la demande des voyageurs, en particulier pendant les périodes de pointe, telles que les vacances d’été et les fêtes religieuses.
Ce manque de concurrence est d’autant plus préoccupant que les prix des billets ont connu une flambée alarmante ces dernières années, rendant de plus en plus difficile pour les familles algériennes, surtout celles issues de classes sociales modestes, de se rendre au pays. L’absence de choix parmi les transporteurs, couplée à des tarifs souvent jugés excessifs, constitue donc une double contrainte pour les Algériens désireux de voyager, que ce soit pour des raisons familiales, professionnelles ou autres.
Dans le cadre de cette commission d’enquête, plusieurs aspects seront examinés, tels que l’efficacité des politiques publiques en matière de régulation du secteur du transport aérien et maritime, l’ouverture du marché à d’autres compagnies internationales, et les mesures à prendre pour garantir une véritable concurrence. La commission se penchera également sur la manière dont les compagnies publiques fixent leurs prix, en tenant compte de l’équilibre entre les coûts opérationnels et la nécessité de rendre ces services accessibles à un plus grand nombre de citoyens.
Au-delà des enjeux économiques, cette commission d’enquête représente un moyen pour les autorités algériennes de répondre aux préoccupations de la diaspora et de préserver la confiance de cette dernière envers les institutions publiques. Les Algériens de l’étranger jouent en effet un rôle économique important pour le pays, notamment par les transferts de fonds, et une prise en compte de leurs besoins de mobilité est essentielle pour maintenir des relations solides et constructives avec cette communauté.
Le débat autour des prix des billets et de la disponibilité des places ne touche pas uniquement la diaspora algérienne en France, mais concerne également les citoyens résidant en Algérie, qui subissent directement les effets d’un transport difficile et coûteux. Dans ce contexte, l’issue de la commission d’enquête pourrait bien ouvrir la voie à des réformes nécessaires, permettant une amélioration des services de transport et un meilleur équilibre entre la demande et l’offre dans les années à venir. Les attentes des Algériens en matière de prix accessibles et de disponibilité des places sont donc au cœur de cette enquête parlementaire, qui pourrait jouer un rôle déterminant dans la réorganisation du secteur.
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