Après plusieurs jours d’incertitude et de silence officiel, le navire El Venizelos, affrété par Algérie Ferries auprès d’un armateur grec, a été enfin autorisé à quitter le port de Marseille. Son immobilisation prolongée avait semé l’incompréhension chez de nombreux passagers, pris au dépourvu alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre l’Algérie en plein cœur de la saison estivale. Ce lundi, l’annonce de son retour au port d’Alger à partir de 16 h marque la fin d’un épisode tendu entre les compagnies maritimes et les voyageurs.
Tout commence avec une double paralysie : celle du Méditerranée de Corsica Linea à Alger, et celle du El Venizelos d’Algérie Ferries à Marseille. Deux bateaux, deux ports, deux pays, et un point commun : des inspections maritimes inattendues qui bouleversent les plans de centaines de familles. Samedi, Corsica Linea informe ses clients de l’annulation de la traversée Marseille–Alger prévue le lendemain, sans mentionner directement l’inspection. Les passagers apprendront par d’autres biais – notamment des attestations signées à bord – que le Méditerranée est retenu au port pour des contrôles techniques imposés par les autorités algériennes.
Le navire El Venizelos, quant à lui, est resté silencieusement bloqué dans le port de Marseille. Sans communiqué officiel d’Algérie Ferries, sans explication claire sur les raisons de sa rétention, la rumeur prend le dessus et les spéculations vont bon train. Certains y voient une mesure de réciprocité, d’autres évoquent des questions de conformité aux normes de sécurité maritime. Quoi qu’il en soit, le résultat est le même : le El Venizelos ne quitte pas le port, les passagers restent dans le flou, et la tension monte.
Il aura fallu attendre ce lundi pour que la situation se débloque enfin. Corsica Linea, dans une tentative d’apaisement, propose à ses passagers reclassés de la traversée annulée une alternative à bord du El Venizelos d’Algérie Ferries, désormais prêt à embarquer depuis Alger. Le message est clair : le El Venizelos d’Algérie Ferries, resté à quai à Marseille plusieurs jours, peut désormais reprendre du service, au grand soulagement des usagers.
Cet épisode aura souligné à quel point l’organisation du transport maritime entre la France et l’Algérie reste fragile, notamment en période de forte affluence. L’immobilisation du El Venizelos pour inspection, survenue en parallèle avec celle du Méditerranée, met en lumière un manque criant de coordination entre les compagnies maritimes et les autorités portuaires. Les passagers, eux, se retrouvent au cœur de cette confusion, ballotés entre annulations, retards, absence de communication et promesses de reclassement tardives.
Des documents partagés en ligne ont révélé que les passagers du Méditerranée ont dû débarquer dès dimanche pour des contrôles douaniers, sans perspective immédiate de réembarquement. La compagnie française, dans ses communiqués, a multiplié les formules vagues, préférant parler de « raisons indépendantes de sa volonté » plutôt que de nommer directement l’origine du blocage. Cette stratégie de communication, jugée insuffisante par de nombreux voyageurs, a contribué à alimenter la frustration et la méfiance.
Le retour en service du El Venizelos ne résout pas toutes les questions. Pourquoi les inspections se sont-elles déroulées de façon aussi simultanée ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’annonce anticipée permettant aux passagers de réorganiser leur déplacement ? Et surtout, quelles leçons les compagnies tireront-elles de cet épisode alors que l’été ne fait que commencer et que le flux de voyageurs entre les deux rives de la Méditerranée est en pleine croissance ?