En France, l’influenceur algérien Doualemn a retrouvé sa liberté mardi en fin de journée, après avoir passé près de trois mois au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne. Doualemn, de son vrai nom Boualem Naman, était retenu depuis mars dans ce centre réservé aux personnes en situation irrégulière, et sa sortie intervient à la suite de l’échéance légale des 90 jours d’enfermement. En l’absence d’un accord consulaire avec l’Algérie pour permettre son expulsion, Doualemn ne pouvait plus être maintenu au CRA, et a donc quitté les lieux, bien que toujours sous le coup d’un arrêté d’éloignement.
La situation de Doualemn reste juridiquement délicate. Sans le feu vert de l’Algérie, aucune mesure d’expulsion n’a pu être mise en œuvre, et il demeure en situation irrégulière sur le territoire français. Selon une source proche du dossier, Doualemn est désormais assigné à résidence, dans des conditions strictes imposées par les autorités françaises. Son avocat, Maître Jean-Baptiste Mousset, a précisé que son client « a la volonté de respecter pleinement les obligations qui lui sont imposées ». Cette assignation marque donc une nouvelle phase dans l’affaire Doualemn, qui reste sous haute surveillance.
L’affaire Doualemn a commencé à prendre de l’ampleur après sa condamnation par la justice française à cinq mois de prison avec sursis. Cette condamnation faisait suite à la publication d’une vidéo sur TikTok dans laquelle il appelait à « donner une sévère correction » à un opposant politique au régime algérien. L’Algérie, ayant pris acte de ce contenu, avait initialement accepté son éloignement le 9 janvier. Cependant, dès son arrivée sur le sol algérien, les autorités locales l’ont immédiatement refoulé vers la France, plongeant les deux pays dans un bras de fer diplomatique inhabituel. Ce retour forcé a provoqué des tensions dans les relations bilatérales, d’autant plus que Doualemn est une figure médiatique bien identifiée auprès de la jeunesse, notamment sur les réseaux sociaux.
Après ce retour en France, Doualemn avait été arrêté à nouveau le 20 mars à Montpellier par les services de la police aux frontières, qui l’ont ensuite transféré au centre de rétention du Mesnil-Amelot. Le 25 mars, il avait tenté d’obtenir, via son avocat, une suspension de l’arrêté d’expulsion auprès du tribunal administratif de Paris. Mais la juridiction avait rejeté la demande, estimant que les conditions juridiques nécessaires à cette suspension n’étaient pas remplies. Quelques jours plus tard, une seconde tentative devant le Conseil d’État s’était également soldée par un rejet de sa requête en référé. Ces échecs judiciaires avaient confirmé la volonté des autorités françaises d’aller jusqu’au bout de la procédure d’éloignement, malgré l’absence de coopération effective de l’Algérie dans cette affaire.
L’évolution du dossier Doualemn pose ainsi une problématique bien plus large : celle des retours non exécutables en cas de refus du pays d’origine. L’Algérie, dans ce cas précis, a clairement exprimé son refus de reprendre le ressortissant Doualemn, malgré une première expulsion actée par la France. Ce refus rend inopérante toute mesure coercitive à long terme, plaçant les autorités françaises dans une impasse administrative. Le cas de Doualemn, répété trois fois dans les mêmes phrases des dossiers de l’immigration comme dans les échanges diplomatiques, devient un exemple emblématique des difficultés rencontrées lorsqu’un État tiers n’accorde pas son « OK » formel à une expulsion.
En attendant un éventuel changement de position de l’Algérie ou une nouvelle procédure judiciaire, Doualemn reste donc sur le territoire français, soumis à des obligations strictes. Sa sortie du CRA ne met pas fin à son parcours juridique, mais elle illustre les limites actuelles des mécanismes de reconduite à la frontière lorsque l’État d’origine refuse d’agir.