Un nouveau développement vient relancer une question restée en suspens depuis plusieurs mois : la délivrance du passeport algérien de 10 ans pour les sans-papiers algériens vivant à l’étranger, en particulier en France. Ce dossier sensible refait surface suite à une lettre officielle adressée par le député des Algériens de Paris et du nord de la France au ministre algérien des Affaires étrangères. Le parlementaire y exprime les inquiétudes persistantes de milliers de ressortissants algériens, toujours exclus des services consulaires faute de documents de séjour valides.
Dans cette correspondance formelle, numérotée question écrite n° 8175, le député rappelle que le 30 mars 2024, lors d’une intervention médiatique, le Président de la République avait annoncé que tous les citoyens algériens résidant à l’étranger pourraient obtenir un passeport dans un délai de deux mois. Cette promesse avait fait naître une immense vague d’espoir parmi les sans-papiers, longtemps marginalisés, espérant enfin accéder à un passeport algérien valide pour une durée de 10 ans. Mais un an plus tard, le constat est amer : très peu de choses ont réellement changé pour les sans-papiers en attente de leur passeport algérien.
Le cœur du problème repose sur des textes réglementaires encore en vigueur qui exigent une résidence légale dans le pays d’accueil pour toute demande de passeport algérien. L’arrêté du 23 avril 2015, encore appliqué par les consulats, constitue l’un des principaux obstacles pour les sans-papiers. Bien que le décret exécutif du 3 février 2016 autorise la délivrance exceptionnelle d’un passeport d’urgence valable un an, ce dispositif reste limité et inadapté à la situation de nombreux sans-papiers algériens, souvent plongés dans une instabilité juridique permanente.
Dans sa lettre, le député pointe également un manque de coordination entre les institutions concernées, soulignant que plusieurs réunions ont eu lieu depuis 2024, sans qu’aucune mesure concrète n’ait été prise. « Malgré l’échéance des deux mois annoncée par le Président de la République, aucune avancée tangible n’a été constatée », peut-on lire dans le document. La lettre déplore également que « nos représentations consulaires et diplomatiques sont soumises à une pression croissante », en raison de l’afflux de demandes non traitées de la part de sans-papiers souhaitant obtenir leur passeport algérien.
Les conséquences de cette lenteur administrative sont lourdes. Les sans-papiers, sans passeport algérien valable, se retrouvent dans l’impossibilité de faire valoir leurs droits fondamentaux, d’exercer une activité professionnelle ou même de rentrer au pays. Ils vivent dans une incertitude constante, exposés aux risques d’exploitation, de chantage ou d’isolement social. Le député alerte : cette situation prive des milliers de citoyens algériens de leur dignité et compromet leur avenir, tout en affaiblissant la confiance qu’ils placent dans les institutions algériennes.
Ce nouveau rebondissement dans le dossier du passeport algérien pour les sans-papiers remet donc en lumière un malaise profond, celui d’une communauté qui se sent oubliée. Alors que le passeport algérien représente bien plus qu’un simple document de voyage — un symbole de reconnaissance, un outil d’appartenance et une garantie d’accès à la citoyenneté —, les sans-papiers restent encore dans l’attente d’un changement législatif promis mais toujours reporté.
La question posée par le député est directe : quand les textes seront-ils révisés pour permettre l’application des directives présidentielles ? Une réponse est attendue. Et au-delà des mots, ce sont des actes concrets que réclament désormais les sans-papiers, pour obtenir un passeport algérien de 10 ans sans plus être freinés par leur statut administratif.