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Transfert de devises : deux Algériens risquent gros

Une affaire de transfert de devises impliquant deux frères algériens secoue la scène judiciaire nationale. Devant le tribunal correctionnel de Sidi M’Hamed, le procureur de la République a requis une peine de 15 ans de prison ferme ainsi qu’une amende de 8 millions de dinars à l’encontre des deux hommes d’affaires, W.M. Saïd et W. Hamid. Tous deux sont accusés d’avoir procédé à un transfert massif de devises vers l’étranger en contournant les mécanismes officiels de régulation, une infraction grave aux yeux du droit algérien.

Les deux prévenus, de nationalité algérienne, sont les dirigeants de la société SARL Mictotem Training Institute, spécialisée dans l’informatique et les systèmes d’information. Ils auraient exploité leur activité professionnelle pour effectuer un transfert illégal de devises, en s’appuyant sur des factures gonflées, utilisées comme justificatifs dans les démarches de change. Selon les conclusions de l’enquête menée par le juge d’instruction de la cinquième chambre, ces documents fictifs auraient servi à transférer discrètement d’importants montants de devises à l’étranger sans l’approbation exigée par la Banque d’Algérie.

Le mode opératoire consistait à surévaluer la valeur de prestations facturées à des partenaires étrangers. Ce système aurait permis à ces deux entrepreneurs algériens de détourner la réglementation sur le transfert de devises, en s’appuyant sur des documents comptables soigneusement construits. En invoquant des contrats commerciaux fictifs, ils auraient pu transférer à plusieurs reprises des devises, échappant ainsi aux contrôles bancaires nationaux. Ce stratagème, selon le parquet, s’apparente à une manœuvre de blanchiment d’argent, masquée derrière une structure professionnelle régulière.

Le ministère public a en outre demandé leur incarcération immédiate en détention provisoire afin d’éviter toute interférence dans le processus judiciaire. Les conséquences de cette affaire de transfert de devises, menée par deux citoyens algériens, ne sont pas uniquement pénales. Le Trésor public, représenté par son avocat, s’est constitué partie civile et a réclamé un dédommagement record de 500 milliards de dinars, invoquant un préjudice financier considérable pour les caisses de l’État algérien.

Les charges retenues à l’encontre des deux frères reposent sur la loi relative à la lutte contre la corruption, mais également sur les dispositions légales concernant le contrôle des changes. En orchestrant un transfert non autorisé de devises, les deux accusés auraient violé la réglementation sur les mouvements de capitaux de et vers l’étranger, ce qui expose tout citoyen algérien à des sanctions pénales sévères. Leur statut d’opérateurs économiques n’atténue en rien la gravité des faits, bien au contraire, il souligne l’usage abusif de facilités professionnelles dans un but illégal.

Le verdict attendu dans cette affaire pourrait constituer un précédent et dissuader d’éventuelles tentatives similaires. Si la culpabilité des deux hommes est confirmée, leur condamnation pour transfert de devises illicite marquera un tournant dans la lutte contre la fuite des capitaux opérée par des Algériens, à travers des mécanismes sophistiqués de falsification commerciale.